Que soigne l’hypnose?
Qui n’a pas entendu parler d’un collègue de travail ou d’un ami d’ami qui a réussi à arrêter de fumer grâce à l’hypnose ? Zoom sur cette discipline et ce que soigne l’hypnose.
L’hypnose est une pratique visant à accéder à un état de conscience modifié. Sous hypnose, nous ne sommes ni conscients ni endormis. Cet état permet d’accéder à l’inconscient pour le modifier. Alors, que soigne l’hypnose ? Est-ce réellement efficace ? Quelles sont les limites de cette pratique ?
Qu’est-ce que l’hypnose ?
L’hypnose est une vaste discipline. Ses applications sont multiples. Il existe un type d’hypnose de scène à visée récréative, lors de spectacles de magie par exemple. Mais l’hypnose permet également de réduire la douleur et de soigner certains maux. Alors, que soigne l’hypnose ?
Il existe trois applications principales de l’hypnose en médecine. L’hypnothérapie permet d’accéder à l’inconscient et de se débarrasser de certains blocages ou idées reçues. L’hypnoanalgésie est une forme d’hypnose utilisée pour le traitement de la douleur. Pour certaines opérations, il est possible d’utiliser l’hypnose en complément ou en replacement de la sédation, c’est l’hypnosédation.
L’hypnose est une technique thérapeutique permettant d’accéder à un état de conscience modifiée dans lequel la personne hypnotisée sera plus réceptive aux suggestions, qu’elles soient directes ou indirectes. Grâce à cela, l’hypnose permet de modifier les perceptions telles que la peur ou la douleur. En fonction des techniques et de la visée d’une séance d’hypnose, celle-ci peut durer de quelques minutes à une heure.
L’histoire de l’hypnose
De tout temps, à travers les régions et les civilisations, les hommes ont cherché à explorer les états de conscience modifiés afin de régler certains problèmes ou au cours de rites religieux. Mais, dans cet article, nous laisserons de côté les transes chamaniques et autres voyages astrales provoqués par diverses techniques ou substances pour nous concentrer sur sa version moderne en Europe et ce que soigne l’hypnose.
L’apparition du terme « hypnose »
Si beaucoup attribuent la paternité du mot hypnose au médecin écossais James Braid, c’est en réalité le baron Etienne Félix d’Hénin de Cuvilliers qui aurait utilisé le préfixe « hypn » en 1819.
Quoi qu’il en soit, le premier praticien de l’hypnose moderne est le docteur Franz Anton Mesmer. A la fin du XVIIIe siècle, il pratique la magnétothérapie, une discipline visant à soigner en utilisant des aimants posés sur le corps du patient. Si cette méthode s’est révélée peu efficace, elle aura permis à Mesmer d’ériger les premiers principes de l’hypnose, à savoir le pouvoir de l’imaginaire, de la suggestion et les avantages d’un état de conscience modifié sur les effets thérapeutiques.
Pour le marquis de Puységur, qui étudia l’hypnose après Mesmer, il décrit cet état de conscience modifié comme un « somnambulisme » permettant l’accès à certaines ressources que nous avons en nous. Il met également en lumière l’importance du lien humain entre l’hypnotiseur et l’hypnotisé, qui mène à l’auto-guérisons et au mieux-être.
A la fin du XIXe siècle, Hippolyte Bernheim démontre l’importance de la suggestion au sein des phénomènes hypnotiques. Sigmund Freud, relève, quant à lui, l’importance de la relation entre le patient et le praticien pour obtenir de bons résultats.
L’hypnose Ericksonienne
Plus tard, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le psychiatre américain Milton Erickson met au point une méthode d’hypnose visant à assouplir les mécanismes psychologiques et à prendre conscience de ses propres ressources.
Cette technique d’hypnose utilise la suggestion mentale d’image rassurante ainsi qu’un vocabulaire symbolique. Le praticien en hypnose Ericksonnienne guide le patient vers un état de conscience modifiée grâce à l’image mentale d’un paysage. En hypnose Ericksonnienne, la transe hypnotique débute dès que le sujet est connecté à son imaginaire et à ses émotions. La transe hypnotique se rapproche donc d’un état naturel, comme lorsque nous sommes plongés dans la lecture d’un livre, la contemplation d’une œuvre d’art, ou transporté par une musique. Notre attention est décalée et modifiée. Nous sommes à la fois ailleurs, mais tellement présent dans l’instant.
Que soigne l’hypnose Ericksonienne ? Elle a de nombreux bienfaits, notamment sur l’arrêt du tabac, la gestion du stress ou de la douleur.
Une activité cérébrale singulière
Dans les années 1990, grâce à l’amélioration des neurosciences, les scientifiques découvrent que sous hypnose, l’activité cérébrale est singulière. Cet état est différent de celui de veille (l’état de conscience que nous avons quand nous sommes réveillés), ni un état somnolent, ni une forme de distraction. L’hypnose provoque un état de conscience modifié.
Comment fonctionne l’hypnose ?
Lors d’une séance d’hypnose, l’hypnothérapeute induit chez son patient un état de conscience modifié. Il lui parle afin de le guider vers cet état si particulier. L’hypnose permet d’accéder à l’inconscient par le biais de suggestions, et ce pour modifier des comportements ou des croyances. L’inconscient gère plus de choses que l’on ne le croit : toutes les fonctions de l’organisme, telles que la respiration, la digestion ou les battements du cœur, dépendent de l’inconscient. Ils s’accomplissent sans que nous ayons besoin d’y penser. L’inconscient s’occupe également des apprentissages et des émotions. L’inconscient intègre des comportements automatiques pour nous protéger. Par exemple : le feu ça brûle, il faut donc ne pas le toucher !
Sous hypnose, la perception du temps et de l’espace est modifiée. La plupart des gens qui ont fait l’expérience de l’hypnose disent avoir ressenti un bien-être profond et un état de détente agréable. L’hypnose provoque un état de conscience élargi, avec des perceptions olfactives, auditives visuelles, ect. L’état d’hypnose s’apparente au rêve où il n’y a pas de logique rationnelle.
Lors d’une séance d’hypnose contre la douleur par exemple, le praticien peut suggérer à l’hypnotisé de se passer une crème imaginaire sur la zone où est localisée la douleur. Le sujet sous hypnose jugera si cette suggestion est pertinente et adaptée et agira en conséquence. Si le patient accepte cette suggestion, il ressentira une amélioration de sa douleur. Il se trouve alors dans une réalité perceptive.
Que soigne l’hypnose ?
L’hypnose est un état de conscience favorisant la suggestivité et le changement. L’hypnose permet notamment de se débarrasser de certaines habitudes ou de certains comportements. Alors, que soigne l’hypnose ?
L’hypnose est connue pour aider au sevrage tabagique et d’autres addictions. L’arrêt de la cigarette est complexe pour de nombreux fumeurs. Les croyances associées sont nombreuses : prise de poids, stress, échec du sevrage, besoin de s’occuper les mains. Sans parler de la pression sociale si la plupart de son entourage fume. Grâce à l’hypnose et sa capacité à « reprogrammer » certaines choses dans notre inconscient, celui qui arrête de fumer va pouvoir se débarrasser de ses fausses croyances vis-à-vis du tabac, ainsi que de trouver d’autres solutions dans les situations où la cigarette lui apportait du réconfort. L’hypnose permet même de créer un dégoût du tabac chez les désormais ex-fumeurs.
Si l’hypnose est très efficace pour le sevrage tabagique, elle ne fonctionne néanmoins pas sans réelle motivation. Il est également important de faire un bilan personnel et honnête avec l’hypnothérapeute pour cerner les situations dans lesquelles la cigarette entre en jeu, mais aussi ses inquiétudes et ses idées reçues liées au sevrage tabagique.
Les champs d’expertise de l’hypnose ne s’arrêtent pas là.
L’hypnose permet notamment de mieux gérer son stress ou son anxiété. Cela lui donne un vaste champ d’action : grâce à son potentiel de projection, il est possible d’utiliser l’hypnose pour suggérer à l’inconscient d’autres comportements et réaction.
L’hypnose est très efficace pour perdre du poids et ne pas le reprendre, non qu’une séance d’hypnose fasse perdre des calories, mais elle permet à ceux qui utilisent la nourriture comme « doudou » pour faire face au stress ou à l’angoisse de trouver une autre réponse plus saine. L’hypnose permet également de changer durablement les habitudes alimentaires. L’autohypnose est une bonne façon de détourner son attention pour éviter les « craquages ». Cette discipline est une aide globale pour perdre du poids, mais aussi pour s’accepter et
entretenir une relation saine avec son corps. L’hypnose est fréquemment utilisée pour traiter certains troubles du comportement alimentaire comme la boulimie.
Les phobies sont des peurs irrationnelles et incontrôlées qui gâchent la vie de beaucoup d’entre nous. L’hypnose, à travers son travail de projection permet d’en venir à bout et de se « désensibiliser » de l’objet de sa phobie.
L’hypnose peut également permettre de renforcer la confiance en soi et la gestion des émotions, du stress ou des crises de panique. Cette pratique peut aussi être un outil pour vaincre la dépression, même si cela ne peut parfois pas remplacer les traitements médicamenteux.
Cette discipline a aussi de bons résultats dans le traitement des troubles du sommeil en calmant l’hyperactivité cérébrale L’hypnose réduit également le stress, les angoisses et l’anxiété, ce qui favorise l’endormissement et le bien-être général. Cette discipline peut aussi contribuer à la mise en place de rituel bénéfique au sommeil. Grâce à son accès à l’inconscient, l’hypnose permet de lutter contre les cauchemars en prenant conscience d’événements traumatiques. Plus surprenant encore mais pas moins utile, l’hypnose permet de venir bout des ronflements.
Cette discipline permet également de booster ses capacités d’apprentissage.
L’hypnose permet également d’améliorer sa sexualité. C’est une discipline fréquemment utilisée en sexothérapie, car elle permet de déconstruire des croyances et des angoisses ancrés dans l’inconscient. De part son côté relaxant et bien-être, l’hypnose facilite le lâcher prise, aussi bien du côté physique que mental. Se faire hypnotiser ou s’autohypnotiser, c’est se concentrer sur soi, ce qui permet de se reconnecter à ses sensations, donc au plaisir.
Enfin, l’hypnose permet le traitement des douleurs chroniques, telles que les lombalgies, migraines… L’Inserm a même validé son efficacité en 2015.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
La première étape d’une séance d’hypnose est de créer une « alliance thérapeutique » entre le praticien et le patient. Il s’agit d’une conversation ayant pour but de définir ce qui doit être réaliser sous hypnose et l’objectif adapté au patient.
Ensuite, intervient la phase d’introduction. Le patient est invité à visualiser un environnement propice à la venue de l’état hypnotique. Cela a pour but de rendre les perceptions du sujet plus flexibles et plus élargie.
A la suite de cette introduction, la phase thérapeutique à proprement parlé consiste pour le praticien à suggérer au patient de modifier la façon dont il perçoit la réalité à l’aide de suggestions et d’images métaphoriques. Cela permet au sujet de dépasser ses certitudes et de changer ses croyances.
A la fin de la séance, le patient reprend conscience des éléments qui l’entourent. Il faut en général plusieurs séances pour obtenir de bons résultats.
Que soigne l’hypnose : un point sur l’autohypnose ?
L’autohypnose est tout simplement l’hypnose pratiquée seul, sans l’aide d’un hypnothérapeute. L’autohypnose s’intègre dans une routine quotidienne afin de se sentir mieux et de se recentrer sur soi.
Une séance d’autohypnose dure en moyenne une dizaine de minutes. La personne commence par se détendre, puis il existe différentes technique pour atteindre la transe hypnotique : se concentrer sur un souvenir agréable ou un point dans son environnement. Au cours de la transe hypnotique, le sujet va faire des autosuggestions en utilisant des termes positifs.
L’autohypnose est particulièrement conseillée pour développer la confiance en soi ou la préparation à un examen.
Cette technique d’hypnose autonome permet aussi de gérer la douleur, par exemple en cas de migraine
Que soigne l’hypnose : les précautions à prendre
Les états secondaires de l’hypnoses sont rares et généralement bénins : maux de tête, sensation de somnolence, de confusion à la sortie de la trans hypnotique. Néanmoins, il a été rapporté qu’une séance d’hypnose peut déclencher une crise chez les personnes souffrant d’épilepsie.
L’hypnose est déconseillée aux patients psychiatriques atteints de troubles de la personnalité comme la schizophrénie ou la paranoïa.
Il faut également prendre des précautions au niveau du choix du praticien. En France le terme « hypnothérapeute » est protégé et ne peut être utilisé que par un professionnel de santé, qu’il soit médecin, kiné, psychologue, sage-femme ou infirmier, qui possède en plus une formation en hypnose. Ceux qui ne pratiquent l’hypnose sans être diplômé d’une spécialité médical se font appeler « hypnotiseur », « praticien en hypnose » ou « hypnologue ».
Quoi qu’il en soit, il faut se méfier d’un praticien qui présenterait l’hypnose comme une solution miracle, qui interdirait le recours à d’autres soins, notamment l’allopathie.